Le jour était arrivé... Le gardien frappa aux barreaux de sa cellule à l'aide de sa matraque et lui déposa les journaux du jour.
"Tiens, voilà te quoi te remettre au courant ", clama le taulier.
Mais Marciello était déjà au courant, en fait, il n'avait jamais cessé de l'être, allant jusqu'à gérer son entreprise du fond de son cachot.
Cette presse à scandale, ce ramassis de ragôt amusait de plus en plus le vieux parrain qui pouvait y lire, ça et là, qu'il était doté de pouvoirs extraordinaires, qu'il devait y avoir deux Marciello, qu'il avait amassé une fortune colossale, qu’il était paranoïaque, et que sais je encore…
L’irrationnel, produit simpliste de toutes les peurs, avait pris le pas sur la raison, et son enfant : le raisonnement. Il était tellement plus facile de divaguer en supputations que de chercher à comprendre la réalité. Rare étaient ceux qui s’y étaient essayé…
Mais que pouvait il bien avoir de si exceptionnel qui nourrisse autant de phantasmes, attise autant de jalousies et de convoitises ?
A sa sortie de prison, Marciello devait faire un constat : Il était toujours là, toujours numéro un du business de l’alcool, et ce, dans le monde entier !!!
Certes, sa famille tout entière avais été décimé, à quelques rares exceptions près : ceux qui dès le début, l’avaient écouté, et étaient partis refaire leur vie ailleurs, ceux qui avaient pris suffisamment de recul pour être épargné ou ceux encore qui avaient su retourner leur veste au bon moment, devenant par la même, et c’est un comble, plus crédible que le patriarche lui-même…
Certes familles avaient réussi, sans livrer la moindre bataille, à dominer le marché de la distribution d’alcool, réussissant, sans la moindre gloire, à faire ce pour quoi elles avaient tant décrié le maestro de la gestion et ces compagnons.
Entouré, à leur demande, de ces plus fidèles parmi les fidèles, à qui il devait tous ces moments de gloire passé, et à qui il n’hésitait pas à rendre service, même si ceux-ci savaient pertinemment que l’impossible n’était pas de son ressort, le vieux allait pouvoir reprendre son train de sénateur. Train, bien discret qui se gardait bien d’émettre la moindre fumée et qui ne faisait que trop rarement, grincer ces rouages, ce qui avait le don d’énerver les jeunes locomotives toutes rutilantes, bien incapables d’atteindre de tels rendements.
Le vieux loup de mer, qui avait appris à ces dépends, que chacun de ces faits et gestes étaient épiés, que chacune de ces paroles finissaient imprimées sur des torchons pour écervelés, allait devoir, plus que jamais, faire attention. Trop de petits supposés parrains avaient abusé de sa confiance…
Son règne, dont la fin avait été, à maintes reprises, annoncé, allait pourtant perdurer…
Car, finalement, il était bien le seul à pouvoir y mettre un terme…
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